Sensibiliser pour agir

La perception des enjeux de la qualité de l’air et de l’environnement varie beaucoup selon les individus

Comment pense-t-on qualité de l'air ?

Si vous demandez à un échantillon de citoyens comment ils percoivent la qualité de l’air autour d’eux, une grande majorité vous parlera d’odeur et pollution. C’est la perception générale …

Pourtant la surveillance de la qualité de l’air est une vraie discipline scientifique qui vise à déterminer les polluants dans l’air et leur taux de concentration afin d’identifier les risques sanitaires et prévenir les problèmes de santé associés.

Selon les études de Santé Publique France, 46 000 décès prématurés par an seraient  dûs à la mauvaise qualité de l’air dont 40 000 imputés à la pollution aux particules fines en particulier les PM2.5; celles-ci provoqueraient des troubles pulmonaires et cardiaques sévères. Les populations les plus vulnérables sont les enfants dont les conséquences peuvent occasionner des troubles à long terme.

Les différents acteurs autour de la qualité de l'air ...

Deux directions permettent de définir une image des acteurs concernés par la qualité de l’air:

– un axe sensoriel traduisant le ressenti de la qualité de l’air soit au travers de la “Mesure” soit simplement par la simple “Perception”.

– un axe catégoriel reflétant la communauté “Scientifique” et d’autre part la communauté “Citoyenne” non spécialiste.

Ces axes définissent trois principaux domaines où l’on trouve des acteurs avec différentes finalités:

– les “Experts” regroupant les organismes de recherche et d’études de la qualité de l’air ainsi que les organismes de surveillance tel qu’Atmo représenté dans chaque région française.

– les “Engagés” sans être des spécialistes techniques sont au service des citoyens pour garantir une meilleure qualité de l’air en se référant aux données techniques et préconisations des scientifiques. On y trouve les collectivités locales ou régionales, comprenant en particulier les décideurs devant garantir le bien être des citoyens, ainsi que des associations oeuvrant pour une meilleure appréhension de la qualité de l’air.

– les “Motivés” regroupant les citoyens sensibilités et préoccupés par la qualité de l’air impliqués dans des associations pour la défense de l’environnement ou simplement participant à des réunions d’information ou débats.

Un domaine particulier, mais essentiel, regroupe des acteurs intervenant auprès des groupes citoyens (association, écoles,…) apportant un support pédagogique, comme les éducateurs, sur la perception de la qualité de l’air en vue d’une plus grande sensibilisation et d’incitation à agir sur l’amélioration de notre environnement. 

Les indices et normes de qualité de l'air

Il existe plusieurs indices reflétant la qualité de l’air et fournis sur différents sites internet:

  • l’indice IQA US qui est un calcul prenant en compte les concentrations PM2.5, PM10 et NO2; il permet de comparer la qualité de l’air de différentes villes dans le monde. Le site iqair.com fournit en direct les valeurs des capteurs recensés sur une carte interactive; On y trouve les senseurs officiels d’Atmo et d’autres senseurs (non identifiés – tels des capteurs citoyens).
  • L’indice Atmo France tel que défini sur le site Atmo-bfc.org basé sur une échelle de couleur présentée ci-dessous (source Atmo) selon les nouvelles règles 2020:

Cet indice est présenté comme un indice journalier et ne reprend pas exactement le code couleur utilisé par Atmo Occitane qui est traduit par le diagramme présenté en page d’accueil. L’indice Atmo Occitanie semble être un indice annuel et est utilisé dans les graphes présentés dans cette même page sur une base mensuelle.

  • L’indice OMS : L’OMS ne présente pas vraiment d’indice gradué de la qualité de l’air mais émet des recommandations de tenue annelle des concentrations ainsi qu’une valeur de tolérance de dépassement journalier.

a) la valeur tolérée de dépassement s’applique au 99e centile des valeurs constatées. La tolérance de dépassement est admise sur 3 à 4 jours par an.

On trouve aussi d’autres indices appliqués par des organismes dédiés (ex: Cellule Interrégionale de l’Environnement – Belgique) avec des valorisations différentes de celles ci-dessus.

Le site aqicn.org (site chinois) fournit un relevé de tous les capteurs identifiés dans le monde dont en particulier les capteurs citoyens de la Sensor Community avec un indice de la qualité de l’air mais principalement des valeurs brutes de mesure sans traitement.

Ce que l'on retient de la qualité de l'air

Le site de Atmo Occitanie (atmo-occitanie.org) fournit de bonnes synthèses de l’état de la qualité de l’air sur tout le territoire de la région. Toutefois les synthèses globales ne sont fournies que bien longtemps après l’année présentée. Il apparait qu’aux regard des polluants, les particules fines ne représentent qu’une partie partielle de la pollution, d’autres composés comme les oxydes d’azote (Nox) et l’ozone étant tout aussi préoccupants.

Les images ci-contre de Atmo Occitanie donnent une vision globale de l’environnement de Toulouse sur l’année 2022 pour les concentrations en particules fines (images similaires pour PM10 et PM2.5). On constate que les axes routiers sont les principaux lieux de dépassement des concentrations admises. C’est aussi la tendance dégagée par les résultats d’analyse présentées sur ce site. Toutefois une analyse globale moyennée sur une année écrase les tendances locales et temporelles.

On pourrait donc penser que tout va bien et que l’on puisse se satisfaire d’une situation pas si critique….

L’intérêt de multiplier les points de mesure et d’assurer leur surveillance est d’identifier les criticités avec leur évolution et leur occurence en fonction d’évènements particuliers. D’où l’atout complémentaire d’un réseau citoyen animé par l’envie de savoir et de comprendre pour alerter et agir en deuxième lieu.

Sur la commune de Castanet Tolosan, l’axe routier principal D813 apparait tout aussi critique que les grandes artères de Toulouse. Les mesures moyennées présentées confirment cette constatation sur le mois présenté; en dehors de cet axe principal on peut aussi s’interroger sur des artères annexes de la commune aussi très fréquentées mais à ce jour insuffisamment équipées de points de mesure (axes en trait pointillé). Les mesures présentées montrent aussi des concentrations non corrélées au traffic routier mais pouvant résulter des émanations de chauffage en particulier le chauffage au bois fréquent dans les zones résidentielles.

Causes de la pollution aux particules fines

Les analyses faites par des laboratoires spécialisés des particules émises en milieu urbain montrent que la majorité des espèces chimiques composant les particules fines sont d’origine carbonée (60 à 70%) (Organique et Black carbon) donc provenant des sources de combustion de combustibles fossiles et de biomasse. Les deux émetteurs principaux de ces composés sont le traffic routier et les modes de chauffage. Cette information permet d’envisager les actions à mettre en place pour réduire les concentrations de ces composés dans l’air.

 

Pollution des véhicules automobiles

Les tests de pollution des véhicules montrent que ceux-ci se différencient selon qu’ils sont à essence ou diesel et de leur vétusté. Pendant longtemps les véhicules diesel ont été très polluants, mais leurs émissions ont considérablement diminué ces dernières années sous l’effet des diverses normes automobiles et par la mise en oeuvre de filtres à particules efficaces. Aujourd’hui les véhicules diesel n’émettent pas plus de particules fines que les véhicules à essence; les tests récents de l’IFPEN montrent une tendance favorables aux véhicules diesel.

Par contre au regard des émissions NOx, très polluantes mais non présentés sur ce site, les véhicules diesel sont plus polluants que les véhicules à essence. Leurs émissions dépendent des conditions d’utilisation des véhicules et des conditions climatiques; les parcours courts et l’utilisation des moteurs à froid générent des émissions très fortes et pénalisantes. Aucune donnée équivalente n’est disponible pour l’émission des particules fines.

Cependant au regard de la pollution des véhicules récents, selon une étude de l’Adème plus de la moitié des particules fines émises ne proviennent pas de l’échappement des gaz de combustion (voir ici). Les émissions dues à l’usure des pneumatiques et des systèmes de freinage deviennent prépondérantes.

Le parc automobile français étant composé de 15 à 20 % de véhicules récents, les émissions par les gaz de combustion des véhicules restent donc une contribution importante à la concentration en particules fines en milieu urbain.

Pollution due au chauffage

Le chauffage au bois apparait comme une source d’importantes émissions de particules fines en particulier PM2.5. Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Institut Paul Scherrer (Suisse) les particules issues de la combustion de la biomasse seraient même plus toxiques, au travers de leur potentiel oxydant, que les particules issues des gaz d’échappement des vieux véhicules diesel et essence. La combustion du bois est aussi une source importante d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), et de gaz cancérigènes. Le bois émettrait ainsi jusqu’à 35 fois plus de HAP que le fioul.

 

Alors quels leviers d'action ?

Il faut distinguer les modes d’action au travers de la mise en oeuvre de nouvelles réglementations, les incitations des instances locales ou nationales et la mobilisation citoyenne au travers d’une prise de conscience et de sensibilisation pour agir.

Les réglementations

Depuis plusieurs les autorités dirigeantes, au niveau national et européen, ont pris conscience de l’impact de la qualité de l’air sur la santé publique et ont défini de nouvelles réglementations. C’est le cas en particulier vis à vis du traffic des véhicules en milieu urbain avec l’instauration des ZFE (Zones à Faible Emission) dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants, instituant une limitation de circulation pour les véhicules les plus polluants.

Toutefois de telles restrictions ne peuvent être appliquées dans des agglomérations plus petites et les améliorations nécessaires nécessitent une mobilisation citoyenne avec une approche de sensibilisation adaptée.

Les incitations

Au delà de réglementations parfois difficiles à appliquer, des incitations principalement financières sont déployées pour infléchir les sources de générations de particules:

  • déploiement des véhicules électriques pour le transport routier et principalement urbain (petite voiture)
  • développement des mobilités douces : marche à pied, utilisation de cycles, création de zones piétonnes et de pistes cyclables
  • développement du covoiturage
  • facilitation des transports en commun (trains, bus, métro…)

Les incitations ne se limitent pas aux modes de transport et l’amélioration du mode de chauffage au bois es devenu une préoccupation à enjeu sanitaire majeur:

  • amélioration des foyers utilisés (restriction d’utilisation, voire remplacement des appareils anciens et à foyer ouvert).
La mobilisation citoyenne

La qualité de l’air étant un enjeu premier de santé publique pour chaque citoyen, des améliorations significatives ne peuvent être obtenues sans mobilisation citoyenne. Ainsi des actions spécifiques sont mises en oeuvre dans le plan Santé-Environnement défini par les collectivités territoriales et les Agences Régionales de Santé (ARS): comme exemple nous citerons le plan de mobilisation ACT’R animé par l’entreprise WaltR sur la région Toulousaine auquel chacun peut participer (inscription sur le site).

La mobilisation avec les acteurs locaux

La sensibilisation du public et sa mobilisation au travers des acteurs locaux, associations, collectivités locales, groupement de citoyens, monde éducatif, rassemblant un public varié et impliquant le jeune public, le plus vulnérable aux aléas de la qualité de l’air, est essentiel dans la démarche d’une amélioration de notre environnement.

La créativité dans la proposition de solutions est nécessaire et source de motivation (exemple d’axe d’initiative avec “Les rues scolaires” plébiscité par Santé Publique France – lien).

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